dimanche 8 janvier 2012

Est-ce une bonne pratique ?

Tous les vieux maîtres disent que la pratique du karaté doit profiter à l'individu et lui procurer santé et longévité. Mais de quelle pratique s'agit-il ? Si celle-ci est basée sur la création de tensions, de stress, la génération de peurs, le tout augmenté de traumatismes physiques notamment dues à des coups dévastateurs... Sommes nous alors dans une pratique bénéfique pour le corps et l'esprit ?
Il y a quelques semaines après un cours j'interroge un pratiquant chevronné, qui cumule déjà plusieurs dizaines d'années de pratiques, sur les étirements qu'il fait à la fin de la séance. Il me répond qu'il en a besoin pour relâcher les tensions accumulées durant la séance. Sa réponse me laisse alors perplexe.
Dans ma conception de la pratique, un cours ne doit pas générer de tension mais au contraire aider à se libérer de celles déjà accumulées durant la journée. Une séance de karaté, me semble-t-il, doit apporter un bien-être, nous aider à retrouver un état d'équilibre que la vie trépidante de notre société a tendance à bousculer. Je ne dis pas que les étirements ne sont pas utiles, bien au contraire, mais c'est plutôt l'objectif visé par ce pratiquant qui m'a quelque peu questionné.
Quand je regarde certains karatékas travailler avec des tensions et orienter leur pratique vers la génération de tensions encore plus nombreuses, je me questionne. Est-ce une bonne pratique ? Pour moi, ces tensions ne sont pas l'expression d'une efficacité, bien au contraire. Elles cachent des peurs. Ces peurs sont des freins à la progression dans le dojo et dans la vie quotidienne. Je pense que le karaté doit nous aider à affronter nos craintes, nous permettre de dépasser nos limites. Cela n'est possible que si nous cherchons à prendre conscience des barrières qui nous empêchent d'évoluer. Ces obstacles sont souvent des peurs, des croyances qui nous sont néfastes. Non seulement ces barrières ralentissent notre progression mais elles s'érigent aussi entre nous et les autres, nous empêchant d'entrer en communication. La connexion avec l'autre et la rencontre ne peuvent pas se faire. Les tensions sont l'expression de notre ego qui ne veut montrer aucune faiblesse. Maître Funakoshi disait "il faut apprendre à être faible"... Il exprimait ainsi un moyen de tuer l'ego ou du moins de lui redonner sa juste place. La pratique doit être libératrice à tous les niveaux, dans ce cas elle devient bénéfique. Comment peut-on devenir un être meilleur si l'on ne reconnait pas ses faiblesses, si l'on n'apprivoise pas nos peurs, si l'on n'entre pas pas en relation avec l'autre ? La vraie force ne consiste pas à anéantir l'autre mais à dissoudre son ego. C'est ce que propose la pratique du karate-do. Le suffixe "do" signifie "chemin, route, voie". Karate-do est donc un chemin étroit, escarpé, sur lequel il est très facile de dégringoler. Pour celui qui le suit, ce chemin mène nul part d'autre que vers soi-même.

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